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Lettre au père

  • jlsarrato1
  • 6 août 2022
  • 2 min de lecture




Papa,

Cela fait quarante ans que tu es mort. Le mot semble violent, choquant mais peu me chaut : je hais les euphémismes. Tu ne nous as pas quittés, tu nous aimais bien trop pour cela. Tu n’es pas parti car si tu l’avais fait tu nous serais revenu depuis longtemps. Non, tu es mort. Ou, plutôt, comme le chante si douloureusement Catherine Ringer, « C’est la mort qui t’a assassiné ».

Quarante ans de mort. Presque autant que tes années de vie.

Nous sommes de moins en moins nombreux à t’avoir connu, à partager un souvenir de toi… Tant d’autres t’ont rejoint ! Il reste maman bien sûr. Maman que ta mort a dévastée. Maman dont la vie – elle le dit parfois, elle le montre toujours – s’est arrêtée ce 12 janvier où l’on t’a mis en terre. Et moi. Moi qui, n’ayant pas eu d’enfant, n’étant pas un père, reste à jamais un fils. Un vieux fils de presque soixante ans qui s’étonne d’être aujourd’hui plus âgé que son papa.

Il m’arrive, des jours entiers, de ne pas penser à toi. Et puis mes yeux se posent sur ta photo qui trône dans mon bureau ; et puis mes pas me conduisent dans une rue de Toulon peuplée de fantômes ; et puis le souvenir me saute à la gorge. Je sens alors les larmes m’envahir. Ce n’est pas à proprement parler la douleur qui m’écrase, ce n’est pas le chagrin qui me broie. C’est le manque. C’est ce trou béant que tu as laissé derrière toi. Trou béant où a disparu la vie qui aurait pu être. Oui, j’ai le regret de cette vie qui aurait été la nôtre si tu avais vécu. De ces moments que nous aurions partagés. De tout ce que tu n’as pas eu le temps de me dire. J’aurais aimé te connaitre davantage. Il me semble que je n’aurais pas été le même et si je suis heureux de ma vie, de mon chemin, je te l’avoue : j’aurais bien aimé connaître ce Jean-Louis qui ne sera jamais.


 
 
 

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