On a fleuri les pointes des fourches, tressé de soie les lanières des fouets et arrondi le sommet des pals.
Le Diable, apprêté pour retrouver sa belle, sort de son palais. Il va, souriant, sifflotant, attentif au bien-être de chacun, allégeant la peine de celui-ci et séchant les larmes celui-là.
Dans les flammes qui, hier, tourmentaient les damnés, les rôtis du banquet à venir grésillent à en faire saliver les trois gueules de Cerbère. Sur les tables dressées au milieu des rochers, les Danaïdes, servantes infatigables, remplissent les verres qui, aussitôt, se vident. Adieu cris et larmes, bonjour rires et chants.
La terre transpire la joie souterraine. Il règne, dans le monde, un parfum d'ivresse qui bientôt vient chatouiller les nuages.
Dieu alerté en prend ombrage.
Hé quoi ! Se peut-il que l'enfer soit plus joyeux que le ciel ? N'est-ce pas là ultime tentation pour les hommes ?
C'est chose que l'on ne saurait tolérer. Aussi, puisque il est action, puisqu'il est malice, Dieu charge Uriel, son ange le plus blond, le plus séduisant, de remettre un cadeau de mariage au Prince des enfers.
Ce dernier, tout à sa joie, ouvre le paquet qui contient un miroir de courtoisie, bordé de serpents dorés, orné de pommes taillées dans des perles sanguines. C'est une erreur de penser l'objet inoffensif... car le Diable, au premier regard, s'y découvre cornu, cocu !
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